Nous accueillons davantage d’enfants : 19 en ce jour ! Nous remplissons les tables et nous adorons ça ! Nous profitons de l’aide de deux adolescents, Monsieur Junior et Monsieur Frandy, qui nous apportent une précieuse aide. Rose-André nous prépare le programme de la journée chaque jour. Les enfants s’appliquent à l’écriture, au calcul et à la lecture. Ils s’amusent en petit groupe à faire des puzzles, des constructions, à faire des courses de voitures et à jouer au ballon. Ils acceptent de faire le train en silence pour chaque lavage de main dehors, avec notre super bidon-robinet. Ils s’acquittent du brossage des dents après chaque déjeuner. Ils font la sieste après le dîner, des fois avant ! Ils apprennent à converser en français, à écouter puis résumer une histoire. Ils font de la peinture sur doigts, ce qu’ils adorent et réclament. Ils fabriquent des papillons en carton et bien d’autres créations. Ils sont très intéressés à connaître de nouveaux jeux : le 1-2-3 soleil, le jeu du voleur, les comptines, etc… . Bref, nous sommes plus organisées et l’accompagnement des enfants se voit alors bien plus adéquate. Nous sommes épatées de les voir manger dans le calme, respecter les règles, s’amuser en groupe comme en individuel, chanter des comptines nouvellement apprises, faire pipi assis (!!) et s’étonner à chaque tirage de chasse d’eau. Pour notre part, nous n’avons plus été en rupture d’eau, nous attendons toujours le courant, nous essayons de chasser nos abeilles et nous avons ENFIN accès à internet (dû au manque d’articles sur le site jusqu’à présent, milles excuses)!
Bonne lecture, merci de nous suivre, nous allons faire la sieste……
Lisiane Gobet, Responsable pédagogique
MARDI 17 SEPTEMBRE 2013
Afin de préparer au mieux l’accueil des enfants, nous avons décidé de ne pas ouvrir le lundi matin. Cette démarche a permis à plusieurs intervenants de se rencontrer et d’organiser au mieux cette première journée : comment accueillir les enfants ? Quelles activités leur offrir en adéquation avec leur âge et leurs compétences pensées à partir de nos connaissances des enfants les années précédentes ? Quand leur laver les mains ? Comment leur distribuer l’eau ? Et bien d’autres questions qui nous ont été fort utiles pour organiser le mardi matin. Avec l’aide de Rose-André, notre éducatrice de la petite enfance, d’Aurélie, notre stagiaire, de Lisiane, notre responsable pédagogique et de Mady notre fondatrice, nous avons pu toutes ensemble réfléchir et programmer cette première semaine.
Premier jour : grand drame ! Notre chère Mady se voit hospitalisée du lundi soir au mercredi soir. Rien n’empêche son désir le plus intense d’ouvrir le lendemain, elle a donc la requête que nous ouvrions coûte que coûte. Ce que nous ferons.
L’accueil est un peu chaotique : tout le monde doit trouver sa place. Les enfants arrivent silencieux et timides (soyons honnêtes, cela ne durera pas); les familles avec des questions ou sans leurs enfants (?!); les voisins font les curieux ; et nous, nous identifions les enfants. Rapidement, Rose-André arrive à mettre en cercle les treize enfants et commence le rituel d’accueil : la gym-danse… qui fatiguent peu les enfants, mais beaucoup les adultes ! Entre milles interruptions, je bombarde de photos. Après le petit train pour entrer dans le Centre, les enfants ouvrent de grands yeux et découvrent les lieux ainsi que tous les jouets. « Madame, Madame, je veux jouer aux voitures, Madame, Madame je veux jouer à la poupée » ! Nous arrivons à les faire s’asseoir bien que difficilement et nous les assommons de…règles ! Bien appliqués, ils écoutent. S’ensuit des difficultés liées au commencement : la salle de bain est trop petite pour les pipis et le lavage des mains ; l’eau finit de couler par les robinets, c’est au puit que nous allons ; les enfants réclament de l‘eau à boire à tout instant ; les repas se passent entre assis-debout et j’embête mon voisin, surtout je renverse mon eau ! Les transitions sont difficiles ; les jeux en grands groupes sont bruyants ; le gaz est fini, les cuisinières crient au loup ! Mais pas d’inquiétude, tous ces détails seront évincés jour après jour avec toutes nos solutions et notre organisation améliorée. Le plus grandiose : les enfants prennent plaisir, rigolent, chantent, dansent, courent, mangent et nous font câlins su câlins. Bref, à nous de nous adapter, car les enfants, eux, sont tout simplement des enfants merveilleux.
Lisiane Gobet, responsable pédagogique
Bientôt 1 mois que j’ai posé mes valises en Haïti, que le temps passe vite…. En arrivant à Port-au-Prince, j’ai reçu un accueil des plus chaleureux par le comité haïtien et par Mady, quel bonheur d’être si bien reçue après un long voyage 😉 Et dès le lendemain, j’ai pu ressentir beaucoup de chaleur humaine de la population locale. Ce qui m’a de suite impressionné, c’est la surpopulation de Port-au-Prince, il y a du monde partout dans les rues….
Durant mes 2 premières semaines, nous avons surtout fait des achats de jeux et matériels pour le centre et d’autres journées plus calmes ou nous étions à la maison à lire et faire des mots croisés.
Mardi 17 septembre 2013, CAJEDD ( Centre d’Accueil De Jour Pour Enfants Défavorisés De Delmas) a ouvert ces portes. Quel plaisir et quelle grande joie d’accueillir tous ces enfants si souriants. J’étais si contente de les accueillir et de pouvoir jouer, rigoler, chanter,… avec eux. Petite anecdote bien sympathique lors d’une activité avec les enfants : alors que j’étais en train de leur lire l’histoire « Le loup et l’agneau », je leur ai expliqué qu’en suisse, il y avait des parcs animaliers avec des loups, ils n’en revenaient pas de savoir qu’on pouvait voir des loups en Suisse alors que chez eux en Haïti ils n’en ont jamais vu 😉 Les enfants sont très attachants, ils démontrent beaucoup de capacité à écouter des consignes, faire des exercices de calculs, faire de l’écriture,… même si comme partout il faut de temps à autre rappeler au calme et à la concentration J J’apprécie énormément ces matinées avec les enfants mais l’après-midi je suis heureuse de pouvoir faire ma petite sieste (eh oui je l’avoue ça fatigue d’être avec les enfants 😉 ) Depuis l’ouverture du centre, j’observe un réel plaisir chez les enfants dans les activités proposées. Et pour moi, chaque journée passée avec les enfants est différente. Il y a de temps à autre un bobo qui survient, un câlin à faire, des chatouilles à donner, des punitions à donner,… C’est donc une incroyable aventure autant humaine que personnelle que je suis en train de vivre !
Aurélie Biolley, 1ère stagiaire !
Depuis le dernier article, nous avons encore eu quelques aléas.
Comme je vous l’ai expliqué, les problèmes d’internet continuent et sont long à résoudre. Une fois que le problème de courant sera réglé, internet fonctionnera correctement et toute la journée. En effet durant la journée la mairie prend le courant jusqu’au soir et si les particuliers n’ont pas un moyen annexe comme la génératrice ( qui fonctionne à l’essence) ou l’invertaire ( qui fonctionne avec des batteries ), ils n’ont pas de courant lors des coupures. C’est ce qui nous arrive actuellement car nos batteries sont achetées mais pas encore installées.
Nous avons justement eu une semaine très chaude car il y a eu un problème de courant depuis le bas de la rue. Durant 7 jour nous n’avions pas de courant ( du samedi au vendredi). Nous sommes allés 3 fois à l’agence qui s’occupe des réparations. Ce pays est magnifique mais il faut énormément de patience. En plus, pour son plus grand malheur, la stagiaire, Aurélie Biolley, arrivait le lundi. Haïti lui a donc souhaité la bienvenue a sa façon en lui donnant ses 5 première nuits sans ventilateurs.
Pour le reste des travaux, nous avons fait un local pour le stock de marchandises. Nous avons fini d’acheter les meubles et hier nous avons été acheter le matériel pédagogique pour travailler avec les enfants.
Nous avons reçu les enfants avec leur parents, en petit groupe pour leur expliquer comment se passerait les journées au centre. Quelques parents ne sont pas venus car il ne croient pas que l’on ouvre un centre qui est gratuit pour leurs enfants. Nous avons donc déjà vu d’autres enfants qui habitent la zone où se trouve le centre pour les remplacer.
Nous ouvrons le centre lundi 16 septembre et nous nous réjouissons de pouvoir enfin entrer en action.
Nous avons aussi eu la chance de rencontrer des gens du pays qui tenaient à nous soutenir. Le gérant d’un supermarché où je vais régulièrement nous a donné de la marchandise qui ne peut plus être en rayon mais qui est bonne encore 4mois. Il nous a donné des caisse de mamba ( pâte de cacahouète à tartiner ), des jus et des bonbons. La directrice d’un magasin de fournitures scolaires nous a donné 300 cahiers, 50 stylos et 50 paquets de crayons de couleurs. Un autre responsable de magasin a donné ( sans nous connaître ) 2 ballons de foot, des tee-shirts et des règles. Enfin le directeur d’Industrie Diribull ( distributeur de riz) nous donne 10 sacs de riz par mois pendant 6 mois.
Je trouve merveilleux de voir ses élans de solidarité, que ce soit de la Suisse et même d’ici, pour ces enfants qui n’ont pas la chance d’aller à l’école et qui ne mangent souvent qu’une fois par jour.
Nous vous remercions encore de nous soutenir afin que l’on puisse leur donner un avenir meilleur
Après 1 mois et demi et quelques soucis je peux enfin vous donner des nouvelles du futur centre d’accueil pour enfants défavorisés.
En effet, comme tout est compliqué dans ce pays, et vu les quelques travaux que nous avons effectués je n’avais plus trop le temps pour vous informer.
En arrivant le 3 juillet j’ai pu constater que la maison que nous louons avait 2 ou 3 réparations à faire. Je mettrai des photos un peu plus tard, car pour l’instant il reste des problèmes pour les installer sur mon ordinateur.
La première chose que nous avons faite est de faire venir un boss maçon pour réparer les 2 ou 3 petites fissures qu’il y avait. Je vous rassure rien de grave. J’ai fait venir un ami ingénieur qui est venu vérifier. C’est ce même ingénieur qui nous a envoyé son maçon pour que je sois certaine de la fiabilité du travail. N’étant pas haïtienne, il est facile de se faire avoir pour ce genre de chose ou sur le prix qu’ils demandent. Il nous a aussi commandé le sable pour les travaux sans rien demander pour le camion.
Par la suite, comme il y avait un problème avec les prises électriques, j’ai demandé à la propriétaire de les faire réparer par un électricien. Chose qu’elle a faite à ses frais vu le danger que cela pouvait être pour les enfants.
Puis vient le peintre, et vous le verrez sur les photos cela change une maison, cela donne de la gaieté.
La maison est maintenant prête à ouvrir ses portes!
Il a bien sûre fallu tout nettoyer, non seulement après le passage du maçon mais aussi celui du peintre. Pour cela, nous étions 2, Marguerite, une des employés et moi.
Pour le moment, nous sommes en train de patienter, car pour l’ouverture du centre il nous faut être inscris en Haïti. Un ami avocat est en train de s’occuper des papiers qui prennent bien sûre du temps. l’association suisse doit être inscrite à la mairie, au bien- être social, au ministère de l’intérieur et aux affaires sociales.
Je vous donnerai de plus amples informations dès que possible et mettrai aussi les photos bientôt
Mady
Depuis nos derniers articles, nous avons rencontré plusieurs personnes pour notre projet de centre d’accueil. Une directrice d’une école kindergarten nous a donné des informations très intéressantes sur le fonctionnement des structures éducatives de la petite enfance (3 à 6 ans), ainsi que sur les conditions de formation du personnel. Un instituteur ou une institutrice ne seraient pas d’une grande aide, étant donné le faible niveau de formation. Par contre, la formation des éducatrices de la petite enfance est très bonne. Il sera possible d’engager des professionnelles dont il conviendra d’assurer progressivement le perfectionnement pour qu’elles puissent suivre les enfants après 6 ans, au fur et à mesure de leurs progrès. Cette directrice nous a également assurés de son soutien pour la sélection du personnel éducatif. Au cours des nombreuses visites effectuées au centre médical, nous avons rencontré une pédiatre qui a été intéressée par le projet. Nous avons eu l’occasion à plusieurs reprises d’apprécier ses qualités humaines. Elle nous a rencontrés et a été convaincue que notre action n’était pas dictée par la pitié. Elle a pris connaissance du projet et nous a assurés de son soutien, notamment sous la forme d’une consultation mensuelle au centre. Dès le lendemain, ce soutien s’est concrétisé par un appel à une de ses connaissances travaillant à l’éducation nationale et à laquelle elle a demandé de dresser une liste des bonnes écoles du quartier.
Concernant le statut juridique du centre, les choses ont avancé. Après un coup de téléphone de la Suisse avec un avocat, Maître Michel, Mady a organisé une rencontre à laquelle a assisté un membre du comité haïtien. Il a expliqué de manière claire le statut à mettre en place sous la forme d’une filiale de l’association suisse. Il s’occupera des formalités dès que le projet sera en route.
Le problème de base reste la maison. Nous en avons visité cinq. Deux d’entre elles convenaient, avec peu de transformations, mais les possibilités de location étaient limitées. Une maison pourrait convenir; elle remplit plusieurs conditions intéressantes pour l’accueil des enfants. Nous attendons de rencontrer le propriétaire. Nous souhaitons quitter le quartier dans dix jours avec une solution.
Pour le reste, l’urgence reste très présente; nous sommes sans cesse sollicités et nous devons de plus en plus dire non à des demandes; les conditions de vie dans le quartier ne s’améliorent pas, comme dans tout le pays d’ailleurs.
Les repas pour les enfants au sein du quartier de Delmas 19 continuent chaque jour grâce à la participation d’une des mamans ( Marguerite ) pour la préparation et la distribution est gérée par deux de nos amis. Nous essayons de leur amener surtout les légumes qui sont devenus de plus en plus chers ( surtout depuis Sandy qui a ravagé environ 70% des cultures au Sud ) et qui sont pourtant indispensables pour la santé. En effet, nous avons vu beaucoup d’enfants qui présentent les symptômes du scorbut, ce problème ne va pas aller en s’arrangeant. L’aide amenée cette année comme les années précédentes est une goutte d’eau, mais les rivières ne se font pas sans ces gouttes d’eau. En travaillant et en discutant avec eux cette goutte d’eau va déjà se transformer en petit ruisseau grâce à l’arrivée de ce centre pour les enfants très pauvres du quartier. À quand la rivière, la mer et l’océan? Notre rêve commun en continuant à travailler ensemble nous le dira!
Mady
Premiers jours à Delmas 19. Des visages, des sourires, des enfants, des adultes, des embrassades sans fin, des « Mady!Mady! Mady! ». J’ai l’impression que je connais ces personnes depuis longtemps.. C’est la joie gratuite à partager. J’oublie vite l’environnement: la poussière de ciment qui traverse tout, les routes défoncées, la boue, les habitations de tôle et de toile que l’on ne peut pas appeler des maisons, des endroits où l’on étouffe, où l’hygiène la plus simple est un luxe inconnu. J’ai été convaincu dès le départ de la nécessité de ce projet. Après quatre jours, c’est devenu une certitude, une priorité, un objectif à atteindre le plus rapidement possible pour ces enfants qui vivent dans la rue.
La joie est ternie cependant par une double révolte. La première contre les conditions de vie que j’ai rencontrées dans un orphelinat où Mady a travaillé. Ce que j’ai vu dans le groupe d’enfants handicapés m’a bouleversé. Je pensais stupidement que de telles conditions inhumaines n’existaient plus. L’autre révolte est plus globale. Comment peut-on abandonner des êtres humains dans des conditions de vie qui sont celles de Delmas 19? La saleté, la faim, l’absence de soins de base sont le quotidien d’enfants qui n’ont que leurs yeux, leurs « Comment tu vas? » et leurs rires pour montrer qu’ils existent.
Je suis ici depuis cinq jours. Merci à Mady et son action de me rappeler que je suis un nanti. Merci aux enfants de Delmas 19 de me montrer que les pauvres parmi les pauvres conservent une volonté de vivre à partager.
Jean-Luc Lambert
Cette première semaine dans notre quartier de Delmas 19 fut pleine de rebondissements. Pour mes deux accompagnateurs: de nouvelles couleurs, des odeurs de pays et des petites joies à se faire des nouveaux amis.
Ces premiers jours ont été occupés par la visite du quartier, les rencontres avec les enfants et les familles. Le fait de voir que les besoins et les manques n’ont pas changé, voire sont encore plus pronconcés, a été pénible, même pour moi qui les connais. <pour essayer de parer au plus pressé avant de se mettre au projet, nous avons été faire le marché pour que les enfants aient à manger. <l’urgence continue à être présente. Par exemple, nous avons conduit un enfant de six mois à l’hôpital pour un furoncle infecté qui risquait de s’aggraver vu les conditions d’hygiène dans lesquelles ils vivent. Le lendemain, une maman avec des douleurs thoraciques et abdominales devait être conduite d’urgence au même endroit… et nous ne sommes qu’au début de notre séjour. D’où la nécessité de ce futur centre qui permettra de donner quelques places de travail aux gens du quartier, des parrainages scolaires à leurs enfants ainsi qu’un suivi médical, et enfin, qui offrira un endroit dans lequel les enfants pourront vivre comme ceux de leur âge.
Nous avons aussi bien sûr été payer les quatre parrainages scolaires que nous avons depuis deux ans. Les parents et les enfants vous en sont toujours aussi reconnaissants. Les artistes ont touché les bénéfices des marchés folkloriques et de Noël, ils ont été fous de joie en voyant arriver cet argent, fruit de leur travail et non de la pitié. Grâce à cela ils pourront notamment payer une partie de l’année scolaire de leurs enfants.
Mady
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Récit de Lisiane Gobet: 28 ans, éducatrice spécialisée
Arrivée
Après un long voyage, ma grand-mère et moi sommes arrivées à l’aéroport de Port-au-Prince où nous attendaient Mady et ses amis. Ils nous ont chaleureusement reçus alors que la nuit était déjà tombée et que le monde affluait à la porte de l’aéroport. Nous nous saluons et sentons rapidement qu’il nous faut monter dans le pick-up afin de s’éloigner de toute cette agitation. Viennent alors les premières impressions : la poussière, les odeurs particulières du bitume, les maisons démolies, le manque de lumière, les bruits indescriptibles. Une fois à la guest house, nous pouvons souffler et nous poser. Ouf ! S’ensuit une longue discussion avec nos nouveaux amis Evans et Kelly qui vont nous accompagner tout au long de ce voyage. Mady, heureuse de nous retrouver, nous raconte les projets qui nous attendent.
Belle arrivée, directement au cœur d’Haïti et de ce que cela signifie.
Quotidien
Chaque matin, nous attendait le petit déjeuner. C’était un moment agréable et serein qui nous permettait de planifier notre journée. Nous pouvions, ma grand-mère et moi, échanger nos ressentis, alors que nous voyions déjà Mady affluer sous les coups de téléphone. La journée allait être remplie. Effectivement, chaque jour Mady était attendue de droite et de gauche. Nous avons eu l’occasion de découvrir son quotidien à travers les actions menées. Nous sommes donc parties distribuer de la nourriture dans un quartier précis pour des familles cibles ; nous avons rendu visite à l’orphelinat dans lequel Mady avait travaillé et avons fait connaissance des enfants ; nous sommes allées rôdées dans les rues de Port-au-Prince et avons pu nous rendre compte de l’ampleur des camps ; nous avons même au l’occasion d’entendre par hasard le nouveau Président lorsque nous sommes allées voir la place du champ de Mars ! ; nous avons fait connaissance avec les habitants de Delmas 19 (nom du quartier), en faisant nos courses, en rendant des visites, en s’arrêtant sur le bord du trottoir pour discuter avec les marchands, en rencontrant l’enseignant du quartier… . Il y a eu plein de belles choses à découvrir et surtout à vivre.
L’urgence est présente partout en tout temps. Les enfants malades sont peu souvent soignés, la visite chez le médecin est chère et peu de parents ont les moyens d’acheter les médicaments. Aussi, Mady est-elle fréquemment appelée afin d’amener un enfant chez le docteur et de passer ensuite à la pharmacie. Il y a également tous ces enfants qui ne reçoivent que quelques grains de riz à manger, les parents ne pouvant acheter davantage. Mady a pu donner les moyens à une maman du quartier de faire un dîner par jour pour tous les enfants de ce même quartier.
L’ambiance est étonnante. Comme dans un petit village, les habitants de Delmas 19 se connaissent tous. Dès qu’ils se croisent sur un trottoir, ils s’arrêtent et discutent. Dès qu’ils entendent un problème, ils proposent leur aide. Dès que nous passons à pied, les gens nous saluent et écarquillent leurs grands yeux en faisant la connaissance d’Yvonne, mère de Mady, bientôt huitante ans et pleine d’énergie. C’est très beau à voir. Ils font leur curieux, posent des questions, veulent tout savoir sur nous.
Partage familial
Le regard de chacun d’entre nous est différent. Cela paraît une évidence ! Il est donc important de pouvoir échanger les avis et les sentiments sur ce que nous vivons. C’est ce que nous avons fait maintes fois ma grand-mère, ma tante et moi. Je suis une grande voyageuse et je n’ai donc pas été bouleversée – choquée par l’endroit que je découvrais. J’ai par contre été curieuse et émerveillée par les gens, leur quotidien, leur priorité, leur amabilité, leur crainte et leur espoir. La vision et les sentiments de ma grand-maman étaient différents. Elle se heurtait à une incompréhension. Comment est-il possible qu’à notre époque il y ait encore des enfants qui souffrent à ce point, qui manque de nourriture ou de soin? Certaines situations n’étaient pas normales, encore moins permissibles. Elle a bien raison ! Mais en découvrant un pays comme Haïti, nous devons nous éloigner de nos principes, de nos privilèges, de nos préjugés. Nous devons effacer l’ardoise afin de recevoir les informations de manières justes et instantanées. La population haïtienne n’a pas la même manière de vivre, ni les mêmes moyens, elle n’a pas les mêmes préoccupations ni les mêmes priorités. Tout ceci peut paraître injuste. J’ai pu, grâce à ma grand-maman, trouver des mots sur les images vécues. Nous avons pu ensemble comprendre pourquoi leur façon de vivre est si différente de la notre.
Le projet
Nos journées et nos soirées avec Evans et sa famille se sont très vite transformés en discussions intenses sur la situation des enfants du quartier de Delmas 19 et sur les préoccupations des parents haïtiens. Mady a très vite su que ce partage pouvait nous mener tous vers un projet commun. Devant l’enthousiasme d’Evans, nous avons petit à petit parlé d’un centre d’accueil pour enfants. Que peut-on faire pour les enfants non scolarisés qui trainent dans les rues dans l’espoir de trouver quelque chose ? Que peut-on offrir aux familles qui n’arrivent pas à suivre l’éducation de leur enfant, devant travailler sur les marchés toute la journée ? Que peut-on faire pour ces enfants sous-stimulés, engendrant des problématiques développementales ? Ces questions nous ont amenées à réfléchir sur les besoins des enfants et de leur famille. Progressivement, nous avons parlé de pouvoir donner à manger 1x par jour aux enfants du quartier ; nous avons parlé de les sensibiliser à certains métiers ou à certains comportements à risque ou encore à certaines actions sur l’hygiène ; nous avons parlé d’offrir des activités aux enfants non scolarisés leur permettant de développer la lecture, l’écriture, la sériation, la discrimination, l’intérêt, la motricité, la logique et tant d’autres choses qui leur permettent par la suite de penser par eux-mêmes et de grandir avec des outils.
Avant que nous quittions Haïti, Evans nous a donné un dossier béton qui retrace toutes ces questions et toutes nos idées émergentes, afin de les exposer en Suisse. Nous avons, par la suite, transmis ce projet au comité suisse qui a très vite été enchanté par cette démarche. Ainsi est né le projet d’un centre d’accueil de jour pour les enfants de Delmas 19. A nous tous de poursuivre cette excellente initiative….
Yvonne Bovigny: 79 ans, retraité
Novembre 2011, accompagnée de ma petite fille Lisiane, j’ai eu l’immense plaisir de partir faire un voyage en Haïti. J’avais envie d’aller retrouver Mady et comprendre ce qui l’attirait là-bas et pourquoi cela lui tenait tellement à cœur.
Tout le monde est très chaleureux. Ce qui frappe le plus, c’est toujours leur sourire, ils sont pleins d’espoir, même s’ils n’ont pas grand-chose et que la part vive sous tente entassés les uns aux autres. Il n’est pas difficile de se rendre compte de tous les besoins qu’ils ont, nourriture, médicament, pouvoirs envoyer leurs enfants à l’école, et surtout savoir qu’ils ne sont pas abandonnées à leur sort.
Les petits bouts de choux en orphelinat, « beaucoup d’handicapés », ont tellement besoin de câlins qu’ils ne voulaient plus nous laisser repartir.
A part la misère et la poussière de la ville qui gentiment se reconstruit, Haïti est un pays magnifique qui mérite qu’il y ait plus de tourisme pour les aider et que le travail reprenne.
Tout cela m’a fait beaucoup réfléchir et même en rêver la nuit. Il faut le voir pour y croire. Et mon souhait le plus cher est de pouvoir y retourner, si Dieu me prêt vie et santé.
Yvonne
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Merci pour eux
Un grand merci à nos généreux donateurs qui nous permettent de poursuivre cette aventure en Haïti en faveur des plus défavorisés
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